Être bienveillante, bienveillant
La bienveillance permet de créer un climat d’accueil, d’apprentissage, de réussite pour toutes et tous les élèves. Cependant, pour l’élève nouvellement arrivée ou arrivé, qui peut être sous-scolarisé ou qui a peut-être vécu des expériences traumatisantes, la bienveillance est essentielle. L’élève doit avoir confiance en l’enseignante ou l’enseignant et se sentir en sécurité dans le lieu d’apprentissage pour pouvoir progresser. L’enseignante ou l’enseignant doit créer un milieu accueillant et bienveillant en sensibilisant les autres élèves. L’élève nouvellement arrivée ou arrivé pourra alors prendre des risques et participer pleinement à son apprentissage.
Être bienveillante, bienveillant
« Je demande à l’élève un historique de son cheminement scolaire. J’ai une fiche que j’ai préparée pour ça. L’élève va commencer par me dire quelles écoles il a fréquentées, depuis le début de sa scolarisation jusqu’à maintenant. Je commence à me faire une idée du profil de cet élève-là.
Et j’ai besoin de savoir au Canada comment cet élève est encadré. Donc cela veut dire, est-ce que l’élève est dans un refuge? Il y en a qui habitent dans des hôtels pour sept, huit mois, un an. Je veux savoir aussi si l’élève est encadré par ses parents, sa mère, son père, ou bien une famille.
À partir de ce moment-là, je commence à me faire une idée des besoins de l’élève et comment je peux y répondre.
La première chose, c’est la bienveillance et le respect. C’est de dire à l’élève : “Je te respecte comme personne.” Et puis, on essaie d’établir une bonne connexion avec l’élève. Et c’est à partir de cette connexion que l’élève sera à l’aise de t’expliquer un petit peu ses réels besoins. Si on n’a pas cette connexion, on ne saura jamais qui est l’élève. »
Forbin Saturné, enseignant d’ALF/PANA,
Collège catholique Franco-Ouest, CECCE
Être bienveillante, bienveillant
« Nous, on a un TÉÉ, monsieur Marcel Pierre, qui travaille pour notre conseil catholique ainsi que pour le conseil public. Il prend rendez-vous avec la famille. Alors on accueille la famille, on échange avec [les parents], on veut comprendre plusieurs volets. Souvent les enjeux, c’est la provenance, la scolarisation. Puis, on regarde aussi beaucoup les besoins des familles, parce que depuis quelques mois, on remarque une pénurie de logements, ici, à Ottawa. Souvent, ces familles nouvellement arrivées vont se retrouver dans des hôtels, et là ça se complique énormément pour le parent. Nous, à l’école, on a un enfant, dont on subvient aux besoins alimentaires, vestimentaires et au plan communautaire aussi. Puisqu’on demeure dans le quartier Westboro, on leur montre tous les services communautaires qui existent. On a la Société de Saint-Vincent de Paul et la banque alimentaire aussi, tout prêt de Melrose, beaucoup de la Ville d’Ottawa également, puis notre fondation du CECCE aide énormément. On fournit les petits déjeuners, puis à l’heure du dîner également les élèves nouvellement arrivées et arrivés ont des dîners.
On a eu un cas, cette année, d’un camp de réfugiés. Ça été très difficile pour l’élève de 5e année. Pour ses deux petites sœurs, c’était différent. L’enfant ne parlait pas en salle de classe, très timide, de temps en temps la larme à l’œil. Puisque nous avons beaucoup d’élèves, je ne peux pas toujours les avoir dans ma salle de classe. Ils doivent retourner dans leur classe régulière. Alors j’y allais un peu. L’enfant me parlait. Je dis : “On va voir ensemble où est-ce que tu habitais?” Il m’a montré son camp. Un moment donné, il y avait un policier dans l’image. Il s’est reculé, puis il pointait loin du doigt. J’ai fermé mon ordinateur et là j’ai dit : “Ça va?” Il dit non, ils sont méchants eux, madame. Il y a eu un gros silence. Il s’est mis à pleurer, mais vraiment silencieusement. Comme des petites larmes qui coulaient. Puis, là je me suis dit : “O.K., il y a vraiment quelque chose.” Alors j’ai appelé le grand frère. On a avec Justin, un autre travailleur d’établissement qui parle la langue, convoqué les parents. Puis, les parents nous ont vraiment transmis, ce qui se passait dans les camps de réfugiés. On a reconnu que l’enfant n’était pas prêt au plan pédagogique. On a offert un travailleur social de sa même origine pour essayer de l’aider à s’en sortir. Et vraiment, on peut voir de beaux succès. »
Roxane Bouvier-Grégoire, enseignante ALF/PANA,
École élémentaire catholique Saint-François-d’Assise, CECCE
Être bienveillante, bienveillant
« Nous avons une enseignante dans notre école qui dit, en parlant des nouveaux arrivants : “J’adore ces élèves. Ce sont les meilleurs élèves.” Quand un nouvel arrivant lui dit : “Je ne suis pas bon en mathématiques”, elle répond : “Oui, tu l’es, mais tu ne le sais pas encore.” »
Claudie Lamoureux, enseignante du PANA,
École secondaire catholique E.J. Lajeunesse, CSC Providence
Être bienveillante, bienveillant
« Il faut retourner à la base ou à un niveau plus bas lorsque l’élève éprouve des difficultés, car il est important qu'elle ou il vive des réussites, ce qui est bon pour son estime et sa confiance.
Les échecs sont souvent moins acceptés selon la culture. Cela peut nuire à leur apprentissage, car parfois elle ou il n'ose pas prendre de risque en donnant une réponse. Il faut leur apprendre que c'est en faisant des erreurs qu'on apprend. Peut-être faire de la modélisation à ce niveau.
Certains élèves ont tendance à ne pas vouloir parler notre langue par peur du ridicule. Encore une fois, faire de la modélisation. Sensibiliser les élèves avant leur arrivée en classe. »
Mario Villeneuve, éducateur itinérant,
SSA Volet ALF/PANA, CECCE
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Les élèves vous parlent
« Il est important que les enseignants comprennent les différences. Au lieu de voir seulement nos différences, nos difficultés, qu’ils voient aussi ce qu’on peut faire. De ne pas toujours juger par ce que je ne peux pas faire. »
Sara Bonebana, élève de l’école secondaire catholique E.J. Lajeunesse,
CSC Providence
« Lorsque tu questionnes quelque chose, certains élèves peuvent dire : “Comment se fait-il que tu ne comprennes pas cela?” Tu vas te sentir mal à l’aise, car tu ne connais pas la réponse que beaucoup d’autres élèves connaissent. C’est vraiment embarrassant. »
Israel Kisembo, élève de l’école secondaire catholique E.J. Lajeunesse,
CSC Providence
« Madame Bella est une belle personne. Elle est gentille, elle est drôle. Ce qui m’a le plus marqué chez elle, c’est sa personnalité, sa façon d’aborder les choses avec moi, sa façon de m’expliquer les épreuves de la vie. »
Jovahnnie Mbaka, élève de 9e année,
CS Viamonde
Être bienveillante, bienveillant
Autres conseils aux enseignantes et aux enseignants qui accueillent des élèves nouveaux arrivants
Sara Bonebana – Avoir de la patience. Tout le monde apprend différemment, comprend différemment.
Sara Bonebana – Aller lui parler. Apprendre ce que l’élève aime et n’aime pas. Il faut de la communication pour avoir de la compréhension.
Israel Kisembo – Impliquer les élèves dans l’école, dans les sports, les activités. Comme ça, les élèves auront plus d’amies et d’amis et davantage de motivation. L’enseignante ou l’enseignant doit apprendre à connaître l’élève et ses champs d'intérêt.