Le concept d’humilité culturelle a été développé en 1998 par Tervalon et Murray-Garcia, dans le domaine de la santé, afin d’éliminer les iniquités culturelles. L’humilité culturelle nous invite à réfléchir sur nos préjugés, à prendre le temps d’apprendre des personnes qui ne sont pas de la culture majoritaire, à prendre le temps de comprendre les différents points de vue et façons de faire. L’humilité culturelle, c’est prendre le temps de bien comprendre les expériences de vie (et scolaires) que vivent les élèves et leurs familles lorsqu’ils ne font pas partie de la culture majoritaire. Cela implique donc que le personnel enseignant sache lâcher prise quant à son rôle d’expert pédagogique pour écouter de façon authentique les perceptions et les savoirs des Premières Nations, des personnes racisées ou nouvellement arrivées.
Selon Waters et Asbill (2013), l’humilité culturelle est une façon efficace de développer des compétences interculturelles, puisque l’humilité culturelle est un appel à participer à un processus continu de transformation individuelle et professionnelle. Présentement, il y a non seulement peu de place dans les structures scolaires pour les cultures différentes de la culture de la majorité, mais trop souvent on ne questionne pas si les normes, les approches pédagogiques privilégiées, les valeurs sont alignées ou non sur les élèves dont la culture est différente de celle de l’école (Delpit, 1988; Lareau, 2011). Sans tout connaître de l’autre, si l’enseignante ou l’enseignant peut au moins développer la valeur de l’humilité culturelle, l’écart entre les expériences scolaires va commencer à diminuer, jusqu’à être éliminé un jour.
Cleaver et collab. (2016) indique que la valeur de l’humilité culturelle « […] consiste à envisager sa propre culture d’un œil critique tout en cherchant à comprendre les autres avec respect, à reconnaître et à corriger le déséquilibre des forces, et à contribuer à des partenariats qui sont mutuellement avantageux et non paternalistes » (p. 2). Van Sickle (2019) traite de l’importance de comprendre le contexte socioculturel de la clientèle, d’être consciente ou consciente des rapports de force pour mieux l’accompagner. Elle détermine que l’humilité culturelle est la porte d’entrée à cette compréhension, car ce n’est pas parce qu’on est experte ou expert dans sa profession qu’on l’est aussi de la culture des autres. Si elle parle du travail social, c’est vrai aussi en éducation, domaine où l’enseignante ou l’enseignant fait partie de la vie de l’élève pendant de nombreuses heures au quotidien. Cela étant dit, si l’enseignante ou l’enseignant ne doit pas se désigner comme spécialiste d’une culture qui n’est pas la sienne, il est aussi important de se rappeler qu’il y a hétérogénéité au sein même d’une même culture. D’où l’importance de l’humilité culturelle, de prendre le temps d’apprendre à connaître l’élève et sa famille : cela évite des suppositions, des stéréotypes qui peuvent être négatifs pour l’élève.
Au-delà de considérer les élèves et les familles qui n’appartiennent pas à la culture dominante comme des personnes invitées qu’on accueille chaleureusement, il faut développer des liens authentiques, être assez humble pour apprendre la culture de chaque élève, afin d’assurer la création d’un environnement culturellement sûr et inclusif, un environnement où chaque élève se reconnaît, où chaque élève sent qu’elle ou il a la même chance de réussir.