Pour une pédagogie sensible à l’impact des traumatismes sur l’apprentissage

Que signifie la résilience? Comment un établissement scolaire peut-il aider des élèves nouveaux arrivants à « gérer » des vécus difficiles, voire traumatiques? C’est ce que cette capsule vous propose d’explorer!

Introduction

Mise en contexte

Cette capsule traite principalement des traumatismes et de la résilience des élèves nouveaux arrivants, et des approches pédagogiques qui peuvent soutenir et favoriser leur bien-être. D’autres élèves dans nos écoles vivent ou ont vécu des traumatismes et en subissent l’impact. Les approches pédagogiques proposées dans cette capsule profiteront certainement aussi à ces élèves.

En contexte d’accueil et d’accompagnement, l’école joue un rôle indispensable dans la création d’un environnement sain permettant à chaque élève nouvellement arrivée ou arrivé d’acquérir la capacité de surmonter les vécus traumatiques ou les défis qui l’attendent. Autrefois dirigées vers les services de santé mentale, ces questions font désormais partie des préoccupations pédagogiques contemporaines.

« La sévérité des séquelles peut dépendre des approches adoptées par le personnel enseignant – consciemment ou non. » Le Centre franco, 2019, p. 5.

Ainsi, l’utilisation de pratiques qui soutiennent et favorisent le bien-être de nos élèves relève de la responsabilité de toutes les intervenantes et de tous les intervenants scolaires.

Des contextes d’apprentissage et de vie propices à la guérison et à l’épanouissement

Il importe de préciser que le rôle de l’enseignante ou de l’enseignant n’est surtout pas de devenir psychologue, mais bien de mieux comprendre les traumatismes, leurs conséquences et la résilience afin de soutenir l’épanouissement et la réussite des élèves.

Ainsi, il ne s’agit pas seulement de nourrir la résilience de l’élève nouvellement arrivée ou arrivé, mais bien d’aborder tout obstacle systémique (p. ex., discrimination, racisme, inégalités) afin de créer un climat d’inclusion et de respect mutuel ainsi qu’un milieu d’apprentissage « sécuritaire ».

Droits de la personne en Ontario

Commission ontarienne des droits de la personne

Guide concernant vos droits et responsabilités en vertu du Code des droits de la personne

L’enseignement des droits de la personne en Ontario : Guide pour les écoles de l’Ontario

Dénoncez-le : Racisme, discrimination raciale et droits de la personne

Politique sur l’éducation accessible aux élèves handicapés

Droits de la personne 101

Les droits de la personne et les nouveaux arrivants

Politique sur l’éducation accessible aux élèves handicapé

Politique sur la prévention du harcèlement sexuel et du harcèlement fondé sur le sexe

Traumatismes, résilience et personnel scolaire

Chez les élèves nouveaux arrivants – comme chez tout enfant et toute adolescente ou tout adolescent – l’impact des vécus potentiellement traumatiques peut avoir une grande incidence sur leur apprentissage et sur leur développement.

« Les pédagogues contribuent au bien-être des élèves et à la guérison des traumatismes au moyen de leurs choix pédagogiques quotidiens. Les parents, l’équipe-école, les services d’appui spécialisé aux élèves ainsi que des services plus spécialisés au sein de la communauté mettent à profit leur expertise afin d’aider les élèves et d’appuyer le personnel enseignant. » Le Centre franco, 2019, p. 25.

Traumatismes et résilience

Comprendre les traumatismes

De façon très globale, on peut définir un traumatisme comme étant l’ensemble des perturbations psychiques déclenchées chez une personne par un choc émotionnel – que ce choc soit de nature physique, culturelle ou même indirecte. En effet, il peut s’agir de conflits armés, de situations de grande violence ou le simple fait d’avoir quitté son pays.

Il est important de savoir qu’une variété d’expériences peut provoquer un traumatisme chez une personne sans forcément en provoquer un chez une autre personne. De plus, difficiles à percevoir, les effets de ces « blessures invisibles » de l’âme se manifestent différemment selon l’âge.

Pour en savoir plus au sujet des traumatismes ou des manifestations observables chez l’élève selon différents groupes d’âge, consultez la section Les types de traumatismes à partir de la page 11 du guide Pour une pédagogie sensible à l’impact des traumatismes sur l’apprentissage – Nourrir la résilience.

Comprendre la résilience

Contrairement à un trait de caractère unique, la résilience relève plutôt d’une combinaison de facteurs de protection interne (p. ex., forces potentielles qui peuvent être ciblées et cultivées) et externe (p. ex., pratiques pédagogiques, services de soutien, tutrices et tuteurs de résilience). Il s’agit d’un processus qui permet à une personne de s’adapter et de continuer malgré l’adversité. En fait, selon les recherches, toute personne aurait la capacité de s’adapter aux défis de la vie, spécialement lorsqu’elle bénéficie du soutien dont elle a besoin.

Dans une démarche à long terme, tout le personnel scolaire doit prendre conscience de certains aspects des expériences sociales, culturelles, linguistiques et historiques générales de la diversité des élèves et du monde. En s’informant auprès des parents, tuteurs et tutrices, des travailleuses et travailleurs d’établissement ou d’autres sources fiables, le personnel scolaire pourra arriver à cette fin. En plus d’établir des ponts de compréhension mutuelle et d’empathie, une compétence interculturelle peut permettre au personnel scolaire d’être mieux outillé pour faire face à certains vécus traumatiques.

« Il est faux de penser que le pluralisme et la diversité sont considérés automatiquement comme une force du simple fait de vivre dans un milieu où l’on est exposé à la diversité humaine au quotidien. La diversité humaine peut même représenter un choc culturel important pour certaines migrantes et certains migrants. Le choc culturel est un phénomène normal et prévisible. Le personnel scolaire sensible à cette réalité peut aider les élèves et leurs familles à appréhender ce choc de manière proactive et à faire preuve de résilience. » Le Centre franco, 2019, p. 36.

Pour en savoir plus sur le choc culturel et la résilience, consultez la section de l’autoformation PSAC intitulée Parcours de résilience.

L’objectivité émotive chez le personnel scolaire

Afin de nourrir le développement de la résilience chez une ou un élève ayant vécu des expériences que personne ne devrait avoir à vivre, il s’agit avant tout de reconnaître la composante émotionnelle, c’est-à-dire les malaises que certaines de ces expériences pourraient éveiller en soi.

« Les enjeux des traumatismes et de la résilience sont liés à l’affectivité des élèves, par conséquent, il y a de fortes chances que l’affectivité du personnel scolaire soit également concernée. Prendre en compte ses émotions et s’assurer de prendre soin de soi est donc primordial. » Le Centre franco, 2019, p. 39.

Faire preuve d’objectivité émotive n’est donc pas de se détacher des élèves ou de ne rien ressentir à leur égard, mais bien d’adopter certaines habitudes1, dont :

  • recadrer en interprétant ce qui se passe selon un prisme professionnel informé et apprenant, plutôt que de considérer les événements comme des attaques personnelles;
  • surveiller ses réflexions personnelles en examinant ses attitudes envers les élèves et en se forçant à observer et à renforcer les éléments positifs chez ses élèves;
  • prendre soin de soi en s’occupant de sa santé émotive, physique, intellectuelle et spirituelle, et en se donnant le moyen de reconnaître ses frustrations.

1 Habitudes tirées du document Pour une pédagogie sensible à l’impact des traumatismes sur l’apprentissage – Nourrir la résilience, p. 43-44.

Des pratiques gagnantes

Le guide Pour une pédagogie sensible à l’impact des traumatismes sur l’apprentissage suggère une conception écosystémique de la résilience, renvoyant à l’idée que « nous sommes des êtres interdépendants et que la santé de certaines composantes de nos sociétés affecte la santé des autres composantes. »

Graphique : Conception écosystémique de la résilience

À chaque niveau de cet écosystème, l’école peut donc exercer une influence pour nourrir le développement de la résilience de l’élève.

Au niveau de l’individu, le personnel scolaire peut :

  • adopter des attitudes et des pratiques équitables et inclusives basées sur des attentes élevées et des appuis ciblés;
  • déterminer, célébrer et stimuler les facteurs de protection interne, dont la sociabilité, la serviabilité, la souplesse, l’indépendance, le goût pour l’apprentissage et la créativité.

Au niveau de la sphère affective, le personnel scolaire peut :

  • cultiver des liens sains et authentiques avec l’élève et l’aider à entrer en relation avec ses pairs;
  • s’investir à soutenir le développement des attitudes et des pratiques sensibles à l’expérience des traumatismes et au développement de la résilience;
  • développer des liens respectueux et riches avec les parents et la famille, et favoriser leur résilience.

Au niveau de la sphère sociale, le personnel scolaire peut :

  • participer à la vie des collectivités que desservent les écoles et aider les élèves à contribuer à la santé du tissu social;
  • faciliter l’accès des élèves et de leurs familles aux soins et aux ressources communautaires variées;
  • miser sur les forces des membres de la communauté scolaire.

Au niveau de la sphère sociétale, le personnel scolaire peut :

  • préparer l’élève à comprendre et à naviguer cette sphère de vie ainsi qu’à y participer pleinement et activement;
  • revendiquer des protections et des ressources, au besoin.

Des ressources à privilégier

Le guide Pour une pédagogie sensible à l’impact des traumatismes sur l’apprentissage – Nourrir la résilience vise à aider à mieux comprendre les traumatismes et la résilience afin de soutenir l’épanouissement et la réussite des élèves. Destiné à l’intention des membres du personnel en milieu scolaire, on y présente des principes et des choix pédagogiques à privilégier pour répondre aux besoins des élèves ayant vécu des traumatismes. Il contient même des fiches qui permettent au personnel scolaire de réaliser une autoévaluation au sujet des concepts liés aux traumatismes et de se fixer ainsi des objectifs d’apprentissage sur le sujet. Ces fiches peuvent notamment être utilisées en vue de la préparation d’un plan annuel de perfectionnement.

Le site ÉLODIL (Éveil au langage et ouverture à la diversité linguistique) contient une section spécifique qui présente une bibliographie de littérature jeunesse sur deux thèmes, l’un portant sur les personnes réfugiées et la guerre, l’autre sur les parcours migratoires difficiles. Pour plusieurs titres, on propose même des liens vers des pistes d’exploitation pédagogique. Des indications suggèrent le public cible de chaque document (préscolaire, premier cycle du primaire, deuxième cycle du primaire, troisième cycle du primaire et secondaire). Les publications qui abordent des sujets délicats qui requièrent une médiation particulière sont désignées au moyen d’un logo.

En bref

En portant un regard sur ses pratiques et en s’assurant que celles-ci réduisent les obstacles tout en favorisant le bien-être des élèves, on offre ainsi un accompagnement pédagogique qui favorise la réussite scolaire tout en nourrissant la résilience de toutes et de tous les élèves.

Que vous a inspiré cette capsule portant sur la pédagogie sensible à l’impact des traumatismes sur l’apprentissage? Dans quelle mesure êtes-vous consciente ou conscient du vécu des élèves de votre classe? Quels outils votre école a-t-elle mis en place afin de créer un environnement permettant à chaque élève de nourrir sa résilience? Et vous, comment prenez-vous soin de vous?

Références bibliographiques

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